La culture de l'olivier a pour origine l'Asie mineure.
Elle s'adapte parfaitement aux étés longs et secs du climat subtropical de
cette région. Son potentiel élevé de survie est dû à ses caractéristiques de
développement morphologiques, telles que l'anatomie spéciale de ses feuilles,
la relation sectorielle pousse - racine, l'adaptation de son système
radiculaire à l'environnement et son haut potentiel de régénération
morphogénétique.
1. ORIGINE BOTANIQUE
L'olivier appartient à la famille des oléacées qui
comprend 20-29 genres, selon la classification de (Flahault, 1986; Morettini,
1972) et de 30 genres et 60 espècesselon la classification de (Conquist, 1981). Le genre Olea contient diverses espèces et
sous-espèces (30 espèces reparties dans le monde entier) qui sont toutes
originaires de régions où les conditions de croissance sont relativement
difficiles (Zohary, 1973). La plupart sont des arbustes ou des arbres. La seule
espèce portant des fruits comestibles est l'Olea
europaea, à la quelle appartient l'olivier domestique qui était désigné
sous le nom d'²Olea europaea var. communis², avec quelques subdivisions établies en fonction de la
forme des feuilles et des fruits. La sous-espèce Communis est différente de la sous-espèce Oleaster à la quelle appartiennent des oliviers sauvages
(Chevalier, 1948; Ciferri, 1950).
2. CARACTERISTIQUES BIOLOGIQUES ET
MORPHOLOGIQUES
2.1. DESCRIPTION GENERALE
L'olivier domestique est, du point de vue génétique, un
arbre de taille moyenne qui, dans les cas extrêmes, peut atteindre une hauteur
de 10 m.
A l'état naturel, il présente une frondaison arrondie. L'olivier est un arbre
polymorphe, qui présente une phase juvénile au cours de laquelle les feuilles
sont différentes de celles de l'âge adulte. Ce polymorphisme n'est important
que chez les arbres obtenus par semis, les arbres reproduits végétativement ne
présentent pas une forme de feuille juvénile.
L'olivier s'adapte bien à des conditions d'environnement
extrêmes telles que la sécheresse et la chaleur. Bien qu'il exige un sol léger
et aéré pour un bon développement, l'olivier tolère un large éventail de types
de sols différents et résiste à de faibles températures. L'olivier est un arbre
à fructification bisannuelle dans toutes les conditions de croissance. Dans la
plupart des cultivars, les fruits se trouvent à la surface de la frondaison
(Tombesi et Cartechini, 1986).
2.2. SYSTEME RADICULAIRE
Les racines de l'olivier ont une importante capacité
d'exploitation du sol. Leur développement est étroitement lié aux
caractéristiques physico-chimiques du sol, au climat et au mode de conduite de
l'arbre. Les jeunes racines de l'olivier sont de couleur blanchâtre et
possèdent le chevelu caractéristique des dicotylédons. A mesure que se produit
la lignification, les racines les plus vieilles tendent à brunir. A l'état
adulte, l'olivier présente deux à trois racines pivotantes qui s'enfoncent
profondément. De celles-ci part un réseau de racines secondaires plus ou moins
dense et très fourni en chevelu à tendance traçante sur 20 à 40 cm de profondeur. La
distribution du système radiculaire est fonction de la texture et de l'aération
du sol. Dans les sols aérés, les racines peuvent atteindre une profondeur de 6
à 7 mètres
ou même plus (Yankovitch et Berthelot, 1947). Alors que dans les sols moins
aérés, la profondeur du système radiculaire diminue. Dans les cultures
irriguées, le système radiculaire est relativement peu profond. La plupart des
racines se trouvent concentrées à une profondeur allant de 70 à 80 cm et seules quelques
racines isolées peuvent descendre jusqu'à 1,5 m. d'une manière générale, le système
radiculaire devient de moins en moins dense avec la profondeur (Vernet et
Mousset, 1964).
2.3. SYSTEME AERIEN
La structure du port de l'olivier varie avec la variété et
les conditions du milieu. Le tronc de l'olivier perd avec l'âge sa section
circulaire; certaines parties se développent plus que d'autres, formant des
coudes en relief séparés par des dépressions et donnant au tronc un aspect plus
ou moins tourmenté. Le tronc porte la frondaison, formée de charpentières, dont
la disposition et le nombre donnent la forme de l'arbre. Ces charpentières se
ramifient en sous-charpentières. Les feuilles portées sur les rameaux ont une
position opposée et elles sont de petite taille (de 3 à 8 cm de long et de 1 à 2,5 cm de large), de durée
de vie moyenne de deux années et demi. La forme, la taille et les
caractéristiques de la feuille de l'olivier peuvent être différentes selon les
cultivars, mais les caractéristiques principales sont les mêmes dans la plupart
des variétés. D'après Trigui (1987), l'empilement de trois feuilles d'olivier
suffit pour atteindre la réflexion infinie; alors que chez des espèces à
feuilles plus minces, cette réflexion est atteinte à partir de huit feuilles.
Les fleurs de l'olivier sont portées par des rameaux d'un an. Elles se
présentent sous forme de grappes florales à l'aisselle des feuilles. Ces
grappes portent 4 à 6 ramifications secondaires. Le nombre de fleurs par grappe
est très variable selon les variétés. Il varie de 10 à 40 fleurs par grappes et
atteint 200 000 à 400 000 par arbre (Psyllakis, 1976). Le fruit est une drupe à
épicarpe d'abord vert puis violet ou rouge et à maturité noirâtre, et à forme
ovoïde ou ellipsoïde et de dimensions très variables selon les variétés.
L'olivier se caractérise par une activité biologique
intense très concentrée dans le temps. La nouaison, le grossissement des fruits
et la sclérification des noyaux coïncidentavec
la période sèche et chaude (fin printemps, début été). La croissance végétative
a lieu en deux périodes dont la première coïncide avec la floraison. La
croissance des fruits et la lipogenèse s'étalent sur une période relativement
longue; cette période est estimée à 200 jours depuis le débourrement des
bourgeons (Cimato et al., 1990).
La transpiration de l'olivier n'est pas négligeable au
cours de l'année; Elle est caractérisée par un minimum aux mois de décembre,
janvier et février et un maximum de 4,25 gr d'eau par gr de poids frais des
feuilles aux mois de juin, juillet et août (Boujnah, 1997). En conditions de
basses températures, l'absorption de l'eau par les racines s'arrête, mais la
transpiration par les stomates continue. Dans ces conditions, l'olivier souffre
d'une déshydratation intense. D'après Roselli et Verona (1990), la morphologie
des stomates joue un rôle important dans la régulation des pertes
transpiratoires dans ces conditions. De plus, la présence de cellules plates
dans l'hypoderme et qui forment un matelas de 3-4 couches au-dessus des
stomates créent autour d'eux une atmosphère isolée de l'environnement extérieur
(Morettini, 1972). Ces cellules incarnent donc l'un des mécanismes par lesquels
l'olivier se protège des sécheresses extrêmes en créant autour des stomates un
milieu favorable, quelles que soient les conditions extérieures.
3. EXIGENCES ECOLOGIQUES
La conjointe adaptative de l'olivier aux aléas
d'environnement est en étroite relation avec les qualités pédo-agrologiques du
sol.
3.1. EXIGENCES EN TEMPERATURE
La température conditionne le déroulement des différents
processus physiologiques de croissance et de développement chez l'olivier.
C'est l'un des plus importants critères d'adaptation aux conditions du milieu.
En effet, bien qu'il tolère mieux les températures élevées, l'olivier est parmi
les espèces les plus résistantes au froid (Laouar et Da Silva, 1981). L'olivier
peut résister à des températures de l'ordre de -12°C à -13°C si celles ci
surviennent graduellement. Alors que Loussert et Brousse (1978) ont montré que
des températures de -7°C
provoquent des dégâts importants si elles surviennent brutalement.
L'olivier tolère bien les températures élevées, mais la
fructification est affectée par ces températures avant et pendant la floraison
(Hartman et Opitz, 1980). Des expériences conduites en Californie par Sibbett
(1981), et citées par James et al.
(1985), ont montré que des températures à partir de 37,8°C sont néfastes pour
l'olivier. L'arrêt de croissance végétative se produit entre 35°C et 37°C.
D'après Loussert et Brousse (1978), en période de
végétation, les températures optimales de développement sont comprises entre 12
et 22°C.
Maillard (1975) a montré que la somme des températures positives cumulées
nécessaires au développement de l'olivier, à partir du départ végétatif à la
récolte des fruits est de l'ordre de 5300 heures.
3.2.
EXIGENCES EN EAU
Les besoins hydriques potentiels de l'olivier dépendent du
climat et du type de sol de la région, ainsi que de la réserve d'eau disponible
à la fin de l'hiver.
L'olivier est un arbre typique du climat méditerranéen.
Etant assez résistant à la sécheresse, il est traditionnellement cultivé en
sec. Toutefois, sa production augmente considérablement lorsque des apports
d'eau viennent compléter les pluies, en particulier dans les zones de faible
pluviométrie. Dans le cas de la conduite en sec et dans les conditions
méditerranéennes, l'olivier ne peut s'adapter à l'irrégularité du régime
hydrique qu'en puisant en profondeur du sol le peu d'humidité qu'il peut
contenir; c'est le cas de l'oliveraie de Sfax où la densité de plantation est
de 17 arbres/ha (24x24 m), sur un sol sablonneux où les racines se développent
jusqu'à 6m de profondeur (Loussert et Brousse, 1978).
En étudiant la consommation d'eau de l'olivier en
plantation dense et en irriguée, Vernet et al.
(1964), ont montré que les besoins de l'olivier sont estimés à 85% de l'ETP.
D'après Trigui (1987), les besoins réels maximums de l'olivier sont fixés
autour de 60 à 70% de l'ETP. D'après Dettori (1987), la consommation hydrique d'une
oliveraie en pleine production et dans des conditions agronomiques optimales
est comprise entre 560 et 620
mm par an. Par contre, d'après Pastor et al. (1998) et dans le cas d'une
oliveraie conduite en irrigué, les irrigations doivent être programmées à
l'aide de la méthodologie proposée par la FAO et qui consiste à apporter par irrigation la
différence entre l'évapotranspiration maximale (ETM) de la culture et la pluie
effective. Récemment, des études sur la programmation de l'irrigation indiquent
que les nécessités hydriques des oliviers adultes correspondent à environ 30 à
50% de l'évaporation en cuve(Metochis,
1999).
3.3. EXIGENCES EDAPHIQUES
L'olivier est réputé comme une espèce peu exigeante en
qualité du sol. Elle s'adapte à une large gamme de types de terres à conditions
qu'ils ne soient pas très compacts ou mal drainés (James et al., 1985). Dans
les régions peu pluvieuses, l'olivier ne donne de bons résultats que s'il est
planté dans des sols profonds et sablonneux où le système radiculaire peut se
développer verticalement et horizontalement (Vernet et Mousset, 1964). Selon
Trigui (1987), le principal facteur de la variabilité de la production de la
variété Chemlali cultivée en zone aride, est le facteur sol précédant
l'irrégularité chronique de la pluviométrie.